Un assainissement budgétaire sans précèdent a été réussi. Des réformes structurelles ont été mises en œuvre sur tous les fronts. L’accent est mis désormais sur la compétitivité et la croissance.
L’économie grecque a connu une croissance rapide au cours des deux décennies qui ont précédé la crise actuelle. Entre les années 1990 et 2009, le taux de croissance moyen en Grèce était de 3,1% comparé aux taux moyens de 2,3% et 2,1% pour l’UE 15 et la zone euro 12, respectivement. L’adoption de la monnaie unique a eu un effet positif particulièrement fort sur le taux de croissance, principalement dû aux taux d’intérêt bas et à l’environnement macroéconomique stable qui y étaient associés.
Pourtant, cette croissance n’était pas fondée sur des facteurs durables mais elle était surtout stimulée par la demande intérieure de consommation financée par l'emprunt extérieur. Par conséquent, la dette publique du pays a augmenté de façon significative, alors que la balance des paiements s’est détériorée. À la fin de 2009, c’était clair que la situation n'était pas viable et que le déficit budgétaire monterait en flèche, si des mesures drastiques d’assainissement budgétaire n’étaient pas adoptées. En 2010 les agences de notation de crédits, qui pendant les années 2000 étaient particulièrement réticentes à dévaluer la Grèce à cause de la perte accélérée de la compétitivité du pays, ont brusquement sous-évalué la Grèce et ont coupé le pays des marchés internationaux de capitaux.
Entre 2009 et 2012, le déficit primaire (tel que défini par le programme d’ajustement économique) a diminué de 9,0% du PIB.Il s’agit del’ajustement le plus important et le plus rapide jamais enregistré dansun pays de l'OCDE (figure 1). En termes de solde primaire corrigé des variations conjoncturelles , un excédent primaire de 4,3% a été atteint en 2012. En 2013, un excédent primaire de 0,4% du PIB est prévu, quicorrespond– en termes corrigés des variations conjoncturelles–à un excédent de 6,4% du PIB, le plus élevéparmi les 27 États membres de l'UE.
Selon la Commission européenne, le solde budgétaire structurel de la Grèce a enregistré une baisse de 13,8% du PIB entre 2009 et 2012, alors qu’en 2013, l’excédent structurel s'établirait à 1,2% du PIB, le plus élevédans l'UE(figure 2).
Malgré la profonde récession,les recettes perçues par l'ensemble des administrations publiques ont augmenté en proportion du PIB. Plus précisément, elles représentaient le 38,4 % du PIB en 2009, le 40,6 % du PIB en 2010, le 42,4 % du PIB en 2011 et le 44,6 % du PIB en 2012. D'autre part, les dépenses des administrations publiques ont diminué de 124,7 milliards d'euros en 2009 à 114,0 milliards d'euros en 2010, pour atteindre 108,3 milliards d'euros en 2011 et 103,9 milliards d'euros en 2012.
En général, l'ajustement budgétaire requis en vue de ramener la dette à un niveauviable en 2020 a été achevé de 75% à la fin de 2013. Les mesures d'assainissement budgétaire adoptées au cours de cette période ont été réparties presque également en mesures de réduction des coûts et d'augmentation des impôts.Plus précisément, comme l’indique lafigure 3, au cours de la première et de la deuxième année du programme , l'ajustement a été fondé principalement sur les recettes publiques, tandis qu’au cours de la période 2013-14la balance a penché de manière significative en faveur de la réduction des dépenses. Le paquet de mesures pour la période 2013-14 est fortement concentré sur le premier temps, avec des mesures correspondant à près de 5,6% du PIB pris en 2013, alors que des mesures correspondant à un peu plus de 2% du PIB restent à être appliquéesen 2014.
Évaluant l'efficacité des efforts de consolidation et examinant l'amélioration estimée du solde structurel, on constate que la consolidation réalisée en Grèce (depuis le début du programme d'ajustement)ne représentepas seulement la plus grande consolidation pour les pays parmi les économies avancées, mais aussi la plus rapide.Plus précisément, la Grèce a enregistré une amélioration de 17,5 pointsde pourcentage de son solde primaire ajusté des variations cycliques, alors que l’assainissement a été effectuéavec un taux annuel de 4,4 points de pourcentage du PIB en moyenne (figure 4).Et même si la Grèce a commencé son ajustement budgétaire relativement tard (2010) par rapport aux autres pays participant aux programmes d'aide, le pays effectue non seulement le plus profondmais aussi le plus rapide assainissement parmi les pays de l'UE (figure 5).
Les budgets de l'État pour les années 2013 et 2014 ont intégré la plus grande partie des mesures fiscales prévues dans la stratégie budgétaire à moyen terme pour la période 2013-2016. En parallèle, la Grèce continue à mettre en œuvre le programme de politique économique avec le soutien de la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. En outre, elle a mis en place un large éventail de mesures, telles que le contrôle strict des coûts et l'amélioration de la discipline fiscale, visant à consolider les finances publiques. En mettant en œuvre les mesures précitéesdans un court laps de temps, la Grèce a réussi à dépasser les objectifs qui lui ont été attribués dans le cadre du programme. L'élimination des déficits jumeaux qui ont caractérisé l'économie grecque depuis de nombreuses années, en combinaison avec l’augmentation de la compétitivité, à la suite de réformes institutionnelles et structurelles,devrait conduire à un taux de croissance positif, tout en préservant la stabilité du secteur financier et en renforçant la crédibilité du pays à l’égard des investisseurs privés.
À ce stade, le gouvernement grec s’est mis d’accord avec ses partenaires européens et le FMI sur une enveloppe pluriannuelle fournissant le financement nécessaire à la Grèce assurant que les réformes nécessaires seraient mises en œuvre afin que l’économie grecque retourne sur les rails d’une croissance durable. La somme totale du soutien financier a atteint environ 200 milliards d’euros, tout en étantsubordonnée à une stricte conditionnalité liée aux réformes structurelles nécessaires que la Grèce devrait mettre en œuvre. Après presque 4 ans de réformes et d’assainissement budgétaire, le niveau d’ajustement est impressionnant par tout moyen de comparaison. En termes d’assainissement budgétaire, le déficit public s’est fortement réduit de 15,6% du PIB en 2009 à 4,1% du PIB selon les projections, affichant pour la première fois après presque une décennie un excédent primaire. Les effortsvisant à l’assainissement budgétaire de la Grèce ont été les plus remarquables jamais déployés par un pays développé et ils ont été réussis malgré la baisse brutale du PIB. Pour ce qui est de l’ajustement extérieur, le déficit de la balance courante, qui a atteint 14,9% du PIB en 2008, a été presque éliminé en 2013. Cela a été dû aux forts gains dans le domaine de la compétitivité (les coûtssalariaux unitaires sont plus bas qu’à l’époque où la Grèce a rejoint la zone euro), à une forte diminution des importations et à un redressement graduel des activités d’exportation.
Sur le front des réformes structurelles, la Grèce a mis en œuvre une série de réformes qui ont contribué à combler l'écart de compétitivité et créer un environnement favorable à l'investissement.
D’importantes réformes ont été réalisées dans presque tous les domaines de l’activité économique, celles-ci réalisées dans le marché de l’emploi, le système de retraites, le système de santé et l’administration fiscale étant les plus importantes. Ces réformes ont eu comme résultat le classement constant de la Grèce par l’OCDE comme le pays le plus réactifparmi ses États membres en ce qui concerne l’adoption des recommandations favorisant la croissance.
Source: OCDE, Objectif croissance 2012
Source: OCDE, Objectif croissance 2013
Le secteur financier a été durement touché par la crise et sa base de dépôts s’est réduite. Le rééquilibrage du secteur financier est actuellement en cours. Les banques systémiques grecques ont été recapitalisées, alors que les petites banques ont été restructurées ou résolues. Les épargnes retournent progressivement au système bancaire.
Pendant la période avant la crise, le secteur financier grec était particulièrement fort: Une forte croissance du crédit a été atteinte et maintenue, les banques grecques ont connu une expansion considérable à l’étranger et, contrairement à l'expérience d'autres pays européens, les institutions financières nationales n’ont pas été affectées gravement par la crise financière internationale.
Cependant, la récession profonde qui a suivi, ainsi que l’incertitude provoquée, ont eu un effet important sur le secteur financier, notamment sur le système bancaire. L'incertitude a été traduite notamment en importantsretraits de dépôts bancaires, effectués jusqu'en juin 2012. En outre, les banques grecques ont subi des pertes suite au programme de restructuration de la dette grecque, tandis que le nombre de prêts non productifs a augmenté considérablement. Tous ces facteurs ont aggravé les conditions de crédit déjà serrés dans l'économie. Par conséquent, les taux annuels de croissance des crédits au secteur privé national ont été négatifs depuis le début de l'année 2011, contribuant ainsi à un ralentissement encore plus important de l'activité économique.
Récemment, la situation a commencé à s'améliorer sensiblement, puisque des mesures décisives ont été prises en vue de la stabilisation du système financier et de la création d'un secteur bancaire sain et compétitif.Tout au long de la crise, l'État grec a pris des mesures importantes de soutien à la liquidité des banques. En particulier, des garanties de l'État sans coût pour le budget ont été utilisées pour obtenir des liquidités de l'Eurosystème (soit par le biais d’opérations principales de refinancement ou par l'utilisation de liquidités d'urgence).
En 2010, le Fonds hellénique de stabilité financière a été créé, afin de servir de filet de sécurité pour le secteur bancaire. Il a été doté de 10 milliards d’euros pour fournir un soutien en capital. À la suite du programme de restructuration de la dette grecque, cette somme a été élevée à 50 milliards d’euros.
Depuis lors, la recapitalisation des quatre banques principales a été effectuée, le Fonds de stabilité financière hellénique (HFSF) étant devenu leur principal actionnaire.Trois d'entre elles sont restées sous contrôle privé après avoir rempli la condition de lever au moins 10% de leurs besoins en capitaux à travers la participation privée, tandis que la quatrième a été entièrement recapitalisée par le HFSF. Il est prévu que, progressivement, les quatre banques principales seront en mesure d’avoir à nouveau accès aux marchés internationaux de capitaux.
En outre, le système bancaire a été consolidé et est actuellement en cours de restructuration - des institutions solides seront formées après l'achèvement de fusions nationales.
La confiance est progressivement rétablie. Depuis juin 2012,des entrées nettes de dépôts ont été enregistrées. Le rapatriement progressif des dépôts devrait contribuer à l'amélioration des conditions de liquidité et donnerun vrai élan à l'économie réelle.
Pourtant, cet ajustement impressionnant a eu un impact important en termes de coûts socio-économiques. Depuis 2009, le PIB s’est réduit d’un quart, une baisse qui n’a jamais été constatée dans un pays développé outre les États-Unis lors de la Grande Récession. Bien que le taux de chômage ait cessé d’augmenter, celui-ci a atteint des niveaux sans précédent pour un pays développé. Actuellement, le taux de chômage se situe à plus de 27%, alors que le chômage des jeunes se situe autour de 60%. Environ les deux tiers des chômeurs sont au chômage pendant plus d’unan. En partie à cause de cela et en partie en raison du fait qu’, en moyenne, le revenu disponible de la population a diminué de plus d'un tiers depuis le début de la crise, environ le 35% de la population se trouve, selon EUROSTAT, à risque de pauvreté ou d'exclusion sociale.
Mais on a commencé à voir le bout du tunnel comme tous ces efforts et les sacrifices portent graduellement leurs fruits. Selon les dernières estimations, en 2014 le pays sortira de la récession qui a duré six ans, alors que les années suivantes, la Grèce va connaître une croissance robuste et graduelle fondée sur des facteurs durables tels que les exportations, le tourisme, l’innovation et les investissements directs étrangers, alors que d΄importantes réformes structurelles sont prévues dans le marché de produits, l’environnement des entreprises et l’administration publique. Dans ce sens, une des figures macroéconomiques les plus inquiétantes, le ratio de la dette publique par rapport au PIB, va radicalement diminuer, alors que le chômage devrait également commencer à baisser.