Bonjour. Je vous souhaite la bienvenue en Grèce, à Athènes à l'heure de l'ouverture de la Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne.
C'est la 5e présidence du Conseil après l'adhésion de la Grèce aux Communautés européennes en 1981.
Les acquis des présidences précédentes et notamment celles de 1994 et de 2003 sont très importants tout comme la "mémoire institutionnelle" dont disposent l'administration publique grecque et notamment le ministère grec des Affaires étrangères pour ce qui est de l'institution de la Présidence du Conseil.
L'acquis des Présidences helléniques précédentes porte notamment sur deux questions majeures. La première est l'élargissement de l'Union européenne. Car les grandes vagues de l'élargissement ont été assimilées aux deux Présidences helléniques précédentes. En 1994, lorsque la Présidence hellénique a atteint son point culminant, le nombre d'Etats membres de l'Union est passé de 12 à 15. L'Europe compterait 16 Etats membres si le résultat du référendum tenu en Norvège était positif. Et en 2003, notre Présidence qui a culminé avec la réunion au sommet de Thessalonique/Halkidiki, a été marquée par une très grande vague d'élargissement - la cérémonie a eu lieu ici à Athènes - et l'Europe a accueilli dix nouveaux Etats membres, en devenant l'Europe des 27. Notre présidence a été également marquée par la politique d'élargissement en faveur de la perspective européenne, et plus précisément, de la perspective euro-atlantique de tous les Etats des Balkans occidentaux.
Le deuxième acquis d'importance majeure porte sur les progrès réalisés dans le sens de l'intégration institutionnelle de l'Union européenne, puisque notre précédente présidence de 2003 a été assimilée aux efforts consentis concernant ladite Constitution européenne, un projet qui n'a pas été finalement concrétisé, mais qui a donné lieu au Traité réformateur de Lisbonne, à savoir à l'architecture institutionnelle actuelle de l'Union européenne.
L'exercice de la Présidence hellénique constitue un devoir institutionnel de la Grèce en sa qualité d'Etat membre de l'Union européenne.
L'exercice de la Présidence n'est pas un choix. C'est un devoir. Cela est une réponse à certains qui se posent la question, dans une bonne intention toutefois, de savoir comment est-il possible que la Grèce de la crise, la Grèce du mémorandum, la Grèce qui demande de l'aide à ses partenaires européens, exerce la présidence du Conseil de l'Union européenne.
Le fondement de l'existence et du fonctionnement de l'Union européenne est le principe de l'égalité institutionnelle des Etats membres, l'institution de la Présidence tournante du Conseil étant le symbole de cette égalité institutionnelle des Etats membres et par conséquent de leur souveraineté.
Par conséquent, la Grèce honore cette obligation et se présente comme un pays européen normal, se trouvant sur le même pied d'égalité que les autres pays et qui a joué historiquement un rôle important, à mon sens, dans les processus de l'intégration européenne.
La Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne est justement européenne. Nous sommes pleinement conscients du caractère européen de cette mission et par conséquent nous ne considérons pas que cette mission revête un caractère national.
Nous n'assimilons pas nos priorités nationales - des priorités bien évidentes et liées à la sortie de la crise - aux priorités européennes que nous devons promouvoir en tant que Présidence.
En tant que Présidence, nous suivrons l'agenda du Conseil de l'Union européenne, en coopération avec les Présidences permanentes lesquelles jouent d'ores et déjà un rôle très important, la Présidence permanente du Conseil européen, la Haute représentante et par conséquent la présidence permanente du Conseil "Affaires étrangères" et la présidence permanente de l'Eurogroupe pour les pays participant à la zone euro.
Nous procèderons en coopération avec le Secrétariat général du Conseil, en coopération étroite avec la Commission européenne et, bien évidemment, en coopération très étroite avec le Parlement européen, dont nous respectons pleinement les compétences et le rôle.
Notre coopération a été d'ores et déjà organisée d'une manière à mon sens très efficace. En outre, nous savons que la Grèce en exerçant la présidence au cours du premier semestre de 2014, assume une très grande responsabilité puisqu’il s'agit d'une période préélectorale.
C'est le semestre qui mènera aux élections européennes de mai pour l'élection du nouveau parlement européen et au grand débat sur la nomination des personnes qui occuperont les postes politiques et institutionnels au sein de l'architecture européenne.
Un débat sera engagé sur le poste de Président du Conseil européen, le poste de Président de la Commission européenne et de Haut représentant. Par conséquent, il est très important qu'un pays exerce la Présidence au cours de ce semestre préélectoral dont le calendrier sera court car le mandat du Parlement européen s'achèvera plus tôt en vue de la tenue des élections européennes.
Par conséquent, nous avons à notre disposition quatre mois à peu près afin de valoriser les processus législatifs ainsi que les processus liés au contrôle législatif. Toutefois, ce semestre sera très intense et dense du point de vue politique car un grand débat s'ouvre sur l'avenir de l'Europe, en vue de donner une réponse à la poussée de l'euroscepticisme et aux jeunes citoyens européens qui veulent un travail, des opportunités de développement et une Europe qui influera de manière positive sur leur vie.
Bien évidemment, il est évident que ce semestre est très critique pour nous, en tant que pays, au niveau national car il s'agit du semestre qui sera marqué par un tournant vers la sortie définitive de la crise, après tout ce que nous avons réussi. Mais cette question ne concerne que le gouvernement grec en tant que gouvernement d'un Etat membre, quel qu’il soit, et non la Présidence du Conseil.
Vous êtes au courant des quatre grandes priorités de la Présidence à travers les documents que vous avez étudiés et les séances d'information auxquelles vous avez assisté.
Il existe, bien évidemment, des priorités plus spécifiques au niveau de chaque formation dans laquelle siège le Conseil, des priorités qui ont été fixées en coopération avec la Commission et les Commissions parlementaires du Parlement européen compétentes en la matière.
Je voudrais évoquer à titre indicatif les grandes priorités de la Présidence, des priorités qu'ont tous les citoyens européens et toutes les sociétés européennes.
La première priorité est la croissance, la création d'emplois, notamment pour les jeunes et la protection de la cohésion sociale et de la dimension sociale de l'Union européenne. Cette question est en fait abordée à chaque réunion du Conseil européen.
La deuxième grande priorité est obligatoire et porte sur l'intégration des institutions de la gouvernance économique au sein de l'Union européenne et de la zone euro, les questions majeures étant l'union bancaire, le mécanisme de surveillance, le mécanisme de liquidation ainsi que le mécanisme paneuropéen de garantie des dépôts en vue d'instaurer un marché bancaire européen véritablement ouvert.
La troisième priorité est la protection des frontières européennes et la gestion des flux migratoires. Cette priorité concerne avant tout les pays ayant des frontières extérieures, tels que la Grèce, les pays du Sud et de la Méditerranée ayant un long littoral, tels que la Grèce et l'Italie, ou les pays insulaires tels que Malte et Chypre. Comme vous le savez, de nombreuses initiatives d'importance majeure sont prises au niveau du Conseil et du Conseil européen.
La quatrième priorité porte sur la politique maritime intégrée. Une politique en faveur de la croissance bleue, de l'environnement, de l'énergie, des sources d'énergie renouvelables, de la pêche, de la planification de l'espace maritime ainsi que des zones maritimes, conformément au droit international de la mer.
Sur le plan technique, nous sommes prêts. Vous aurez l'occasion de visiter le Zappeion Megaron où sont organisées presque toutes les manifestations à Athènes. Notre Présidence est sobre, elle a un budget limité, le budget le plus modeste par rapport à toutes les présidences précédentes.
Nous voulons être pratiques, précis, nous voulons honorer notre devoir institutionnel avec efficacité, afin de passer par la suite le relais à la présidence italienne qui nous succèdera, avec laquelle nous avons une concertation très étroite car les présidences hellénique et italienne, forment ladite Année méditerranéenne de l'Union européenne.
C'est sur ces mots que je vous souhaite la bienvenue encore une fois à Athènes et nous sommes prêts à répondre à vos questions.